Les Grecs antiques nous ont laissé Chronos pour nous inscrire dans un temps linéaire. Chronomètre, chronologie, chronotype, chronophage…, la liste est longue des mots et des concepts traduisant son influence.
Le catholicisme est venu découper très précisément le temps avec son calendrier grégorien du XVIème siècle. L’horloge est venue le compter, pour nous apprendre à la maîtriser, en Occident notamment.
Objectif aujourd’hui : gagner du temps ou prendre le temps, avoir du temps, arriver à temps, faire plusieurs choses en même temps ou tuer le temps … et regretter le temps perdu :
Ô temps, suspends ton vol ! Et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Lamartine n’est pas mort… et toujours d’actualité. Que faire pour préserver le temps de moments inoubliables ? Pour avoir le temps d’occuper tous les rôles qui nous incombent ? Pour préserver corps et esprit du temps qui passe ?
Il faut voir le temps autrement !
De la poule ou de l’oeuf…
C’est l’éternel paradoxe. Qu’est-ce qui est apparu en premier : l’œuf ou la poule ?
Ainsi en va-t il du temps. Quelle est la source du temps, la cause du temps, le début du temps ou sa fin ? Philosophes, physiciens, vous ou moi, nous sommes interrogés, de façon consciente ou pas, sur cette notion vertigineuse. Et “il faut dire que le temps ne laisse guère de choix : invisible, il réclame qu’on l’illustre concrètement, à l’aide d’autre chose que lui-même, quelque-chose qui soit perceptible*. Etienne Klein notamment, physicien et philosophe des sciences, nous égare avec délices dans d’obsédantes réflexions sur le temps, dans un essai de compréhension du temps qui se termine souvent en s’arrachant les cheveux !
Aaargh ! Dessine-moi le temps !
Nous connaissons quelques illustrations du temps : ligne du temps, calendrier, horloge…
Ces représentations ont souvent un point commun : l’absence de prise en compte de notre environnement, de la Nature et l’objectif…de mettre la main sur le temps !
D’autres traduction du temps, plus anciennes, basées sur l’observation, incluent la Nature : les étoiles pour les nomades, les crues des grands fleuves pour les cultivateurs, la lune et le soleil pour les calendriers des sociétés traditionnelles par exemple.
Il existe donc de multiples dessins du temps !
Bon, alors, qu’est-ce que le temps ?
Le temps est une “chose” introuvable dont l’existence ne fait aucun doute. Une “chose” dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vue. Nous voyons, entendons, touchons, goûtons dans le temps, mais non le temps lui-même. […] Parce que le temps est toujours là alors qu’on dit qu’il s’écoule. Et qu’il existe indépendamment de ce qui survient, se transforme, vieillit et meurt. […]. Le temps a-t-il précédé l’Univers ? Comment s’est-il mis en route ? Pourrait-il inverser son cours ? L’interrompre puis le reprendre ? Existerait-il plusieurs temps en même temps ? Au bout du compte, le temps pourrait ne plus du tout se ressembler (Toujours Etienne Klein !).
Il fallait le dire tout de suite …
Revenons au grand livre de la pensée Chinoise antique pour calmer le tourbillon des pensées : le Yi Jing. Il y est écrit :
“la seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout est toujours en train de changer”.
Il décrit 64 situations universelles type, basées sur la cohabitation d’un mouvement Yin-Yang, dans lesquelles nous nous inscrivons. C’est donc ici une curieuse impermanence à la fois mutante, cyclique et pourtant irréversible qui apparaît, d’une puissance en mouvement que l’on pourrait appeler le temps.
Bon… Nous n’avons toujours pas une idée claire de la notion de temps….
L’essentiel…
Contentons-nous de faire évoluer notre notion du temps !
Intégrons le plus souvent possible, à notre mode de pensée, la vision d’un univers plus vaste que celle décrite par le calendrier. Un univers dont l’énergie, les rythmes et les vibrations nous traversent en permanence, nous transportant d’un état à un autre, d’un mouvement à un autre.
Ainsi en va-t-il du bien-être, de la santé, de la beauté ! Opposer le temps de la jeunesse à celui de l’âge mûr n’a que peu de sens. Mais la préservation de l’harmonie du passage de l’un vers l’autre et de son mouvement, donne une toute autre dimension au sujet de son esthétique !
Que pensez-vous du massage corporel ou facial pour travailler au passage d’un temps à l’autre ?
* Etienne Klein, Le facteur temps ne sonne jamais deux fois, Ed. Flammarion.